
1/ Le texte
L’organisation de la production française fonctionne par l’écrit, la loi, les normes, les certifications et les labels. Mettre au point un projet revient à valider l’une après l’autre chacune des clauses de ces écritures. Le système est clos par le jeu juridique des responsabilités en chaîne. Celui qui n’aura pas été conforme sera responsable. La défiance règne et tous les participants d’un projet de construction investissent leur énergie à se protéger contre tout ce qui pourrait ne pas être prévu par les textes. Les efforts individuels de chacun se cumulent pour former un grand Léviathan dont le pas est lourd au lieu d’être mu par l’association des énergies.
Pour expliciter mon propos sur la démocratie à l’œuvre dans l’architecture, on peut citer la lutte de pouvoir qui fait rage entre les handicapés et les thermiciens. Avec leurs législations respectives, ils s’accaparent une partie grandissante du coût de la construction, souvent au détriment de l’acquéreur. La réglementation pour « l’égalité des chances » aurait pu servir à redonner de l’aisance au logement pour tous mais elle n’a fait que réduire les dimensions du séjour au profit des sanitaires, de la salle de bain et des couloirs. Le salon étant la seule pièce sans réglementation, aucun texte ne prend sa défense, alors que c’est la pièce la plus utilisée. La législation thermique, sous la couverture morale de l’économie d’énergie, ne fait que compliquer les constructions, les rendant de plus en plus fragiles et de moins en moins pérennes : l’isolation par l’extérieur, la multiplication des films plastiques, joints, scotchs nécessaires à l’obtention de l’étanchéité à l’air sont autant de dispositifs à la durée de vie incertaine. In fine, l’habitat français est de plus en plus performant sur le papier et de moins en moins agréable.
En effet, la qualité d’ambiance d’un lieu n’est, elle, pas réglementée : cela reste le savoir-faire de l’architecte, ce qui explique pourquoi la création architecturale est « déclarée d’intérêt public ».
2/ L’architecte
Dans ce contexte, il est illusoire de considérer l’architecture comme un acte créatif au sens artistique habituel. L’architecte ne crée pas un logement. Il fait quelque chose de beaucoup plus compliqué, assemblant des réglementations, des normes et des labels, il pratique un exercice de contorsion démocratique concret visant à faire valider par une majorité qualifiée le projet. L’architecte devra satisfaire toutes les clauses de l’imbroglio démocratico-administratif sous peine d’être congédié comme un incapable. Paradoxalement le résultat de ce surcroît de démocratie, qui devrait élever la valeur commune de notre environnement bâti, se solde par une perte de qualité. Le but initial de tous les efforts pour faire mieux conduit à faire moins bien. La complexité règne et face à elle, le conformisme semble la seule solution rentable.
L’architecte doit « raconter une histoire » pour mener le projet mais l’implantation du bâtiment est défini par l’urbaniste, l’organisation des logements par le promoteur et la construction par l’entreprise, il ne reste que l’esthétique. Cet aspect étant des plus subjectifs, tout le monde a son mot à dire dessus. C’est finalement la voix du Maire qui est la plus péremptoire. C’est ainsi que se noue le paradoxe des missions qui sont confiées à l’architecte, tout savoir et tout intégrer d’une part, et assumer la responsabilité de la créativité d’autre part. Il est à la fois en charge de l’ambition du projet et responsable de toute l’œuvre que les autres lui imposent.
L’architecte, de par les responsabilités qui lui incombent, est donc censé être un expert, mais son expertise est négociable à souhait. Conteste-t-on aussi couramment la parole des médecins alors même que chacun a pu expérimenter la diversité des diagnostics que peuvent faire différents praticiens ? Conteste-t-on le juriste dont les arguments ne semblent que négociable pas ses pairs ? Conteste-t-on l’avis de l’ingénieur dont les options techniques sont aussi nombreuses qu’il y a de procédés industriels de fabrication ?
3/ Les représentants du reste de la société
Voilà une petite liste des demandes qui dessinent les contours de la peau de chagrin qui reste à l’architecte pour concevoir un ouvrage de qualité :
Le promoteur
L’équilibre des rapports économiques entre pouvoir d’achat, coût de la construction et revenu de la promotion rend les logements trop petits. Ainsi pour l’architecte, il s’agit d’optimiser le rendement du produit, c’est à dire concevoir un maximum de surface vendable pour un prix de construction donné.
Les consignes de conception se résume à 1200€/m2 de coût de construction en moyenne pour un prix de vente de 2500€/m2, chambre : 9m2 et 12,4 m2 pour la chambre handicapée, T2 : 48m2, T3 : 65 m2, T4 : 82m2
Le handicapé
Pour tous les logements, les dimensions minimum des couloirs, des sanitaires, de la cuisine, des paliers, des parties communes sont imposées par la Loi n°2005-12 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, loi prévue pour permettre à chacun de ne pas avoir à déménager en cas de complication de santé ou simplement de vieillissement.
Le logement n’est plus dimensionné pour la majorité des personnes qui voit les chambres et le séjour se réduire pour absorber l’agrandissement des autres pièces. Le marché n’a en effet pas fait augmenter les surfaces totales avec la nouvelle réglementation.
Le pompier
La morphologie du bâtiment, des circulations et des façades est bornée par les pompiers dans l’arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la protection contre l’incendie des bâtiments d’habitation.
Si cet arrêté a sûrement permis de sauver des vies lors des incendies, il a entre autre fait disparaître l’escalier comme espace de convivialité. L’escalier est une issue de secours protégée, un tube en béton anxiogène à l’acoustique résonante. On ne peut plus croiser la concierge dans l’escalier ni rencontrer ses voisins ailleurs que dans l’ascenseur à la promiscuité gênante.
Le thermicien
La réglementation thermique, outre son évolution quasi quinquennale qui ne facilite pas son appropriation, impose une qualité intrinsèque du clos couvert, calculée par un logiciel officiel dont les règles de calcul sont peu accessibles au concepteur. L’architecte dessine sa façade au regard de ce qui sera validé par la boîte noire du calculateur.
Le cadre de validation de la conformité à la réglementation ne prend pas en compte la complexité du bâtiment, ses qualités morphologiques ou sa situation précise. Pour faire simple il n’y a pas de réelle notion d’adaptation à un climat. Tout ce passe comme si pour être performant, il suffisait d’additionner les valeurs des fiches techniques de produits industriels.
Le technicien général
Descendants des traités de construction, les Documents Techniques Unifiés précisent la bonne mise en œuvre des constructions. Les détails standards qu’ils décrivent permettent de répondre aux cas génériques de construction mais rendent difficile l’exception. L’existence de ce catalogue rend même illégitime toute alternative originale, puisque l’assurabilité du produit serait mise en jeu. Pour se prémunir les vices de construction, on met en place un système réglementaire qui a pour conséquent de limiter l’innovation, la spécificité, voir même le savoir-faire des artisans.
Les indépendants
Version privée de la certification de la conformité réglementaire, les certificateurs ont pris en charge la qualité globale du produit avec la labelisation.
Deux écueils cependant : se voulant qualitative, l’évaluation est essentiellement quantitative (on coche des cases pour obtenir un label) et l’évaluation est menée pour l’essentiel sur le projet encore à l’état de papier, sans considération pour le produit fini.
L’urbaniste conseil, l’architecte des bâtiments de France, l’élu, le voisin, l’entrepreneur, l’économiste, le commercialisateur, etc…
On pourrait continuer à lister les intervenants dans le système de production de l’habitat pour dresser le réseau complet de la démocratie à l’œuvre, mais cela demanderait une enquête poussée dans des ramifications presque sans fins.
Tout cela repose sur le choix tacite que nous avons fait pour notre système de validation de nos actes : la paperasse, qu’elle soit réglementaire, législative ou scientifique. L’écrit remplace le jugement de chacun, la prise de responsabilité individuelle et le débat. Un projet n’est pas négocié, argumenté, défendu, il est conforme ou pas. Pour retrouver de l’aisance et faire des économies, ne faudrait-il pas simplifier la complexité démocratico-administrative et laisser chaque acteur responsable de ses actes et non de la conformité aux textes ?
On inscrit dans la concrétude du logement la responsabilité de résoudre les difficultés posées par l’incendie, le handicap, le changement climatique, etc. Chaque individu est moins responsable de ses actes quotidiens puisque le logement qu’il occupe lui force la main, en réduisant ses consommations, en le protégeant de ses voisins, en anticipant ses accidents de la vie. Le logement devient omnipotent, puisque chaque spécialiste a son mot à dire dans sa production. Cela ne le rend pas meilleur et plus agréable, juste plus lourd. Entièrement conçu pour parer au pire, le logement devient un carcan textuel traduit en architecture.
4/ Vers un label de la qualité architecturale
Si le logement découle d’un rapport de force démocratico-administratif, il est le résultat de luttes corporatistes. C’est malheureusement le fonctionnement corrompu de la démocratie des plus forts. Pourquoi l’architecte n’a-t-il pas les marges de manoeuvre correspondants aux responsabilités qu’on lui confie ? Parce que son corps défend essentiellement le mythe de l’artiste incompris ou de l’artisan malmené. Trop centré sur son souci créatif intime, l’architecte n’est pas assez soutenu par un arsenal de paperasse. Il ne possède pas le corpus lui donnant un pouvoir d’expert comme le médecin, l’ingénieur ou le juriste. L’architecte ne doit plus être le prisonnier volontaire de la seule culture et doit reconquérir les techniques puisqu’au quotidien, il conjugue les champs culturels, techniques, juridiques, politiques et artistiques, qu’il le veuille ou non. C’est précisément cette maîtrise qui fait son génie.
Plus pragmatiquement, la simplification semblant impossible, il faudrait peut-être rajouter une couche au mille-feuilles de paperasse en créant un label pour la qualité architecturale des logements. Ce label se poserait comme un qualifiant de la synthèse et de la cohérence architecturale du projet, c’est à dire de la qualité d’assemblage des autres textes. C’est bien là notre métier si vous m’avez suivi jusqu’ici. Faire tenir ensemble tout un fatras de trucs dans un dessein précis. Cela donnerait un outil régulateur à l’architecte pour justifier les choix complexes qu’il opère, une échelle de qualité dont il serait le garant auprès du maître d’ouvrage comme l’est un ingénieur pour l’obtention d’un label.
Ce label ne validerait pas les moyens mais les résultats. Il serait délivré par un « corps » composé d’experts architectes qui décerneraient des « étoiles » résultant d’un ensemble de critères plus qualitatifs que quantitatifs comme :
- L’ingéniosité constructive
- L’adaptation climatique
- La fonctionnalité des espaces
- La sensualité des ambiances
- La convivialité des espaces communs
- Le style architectural : moderne, classique, régional, environnemental, contemporain, conformiste, etc…
Ce label serait attribué au bâtiment en tant que résultat matériel d’un débat démocratique. En conséquence, il reviendrait à être lié à une chaîne d’influence sur le processus de construction soit en cascade le Maître d’ouvrage, l’entreprise, les industriels, l’architecte, la ville, etc… Cette note permettrait, comme dans les guides, de donner à l’acquéreur un point de vue d’expert sur la qualité architecturale.
Chers confrères, ne pourrait-on pas s’y mettre dès maintenant en utilisant le web ? On soumettrait un bâtiment à la sagacité des commentaires d’experts qui apposeraient une note argumentée point par point.
Donzé Jean-Philippe
18/11/2014
Article très intéressant et très bien écrit, sauf concernant une affirmation : « la profession est déclarée d’intérêt public ». La loi de 77 ne dit pas cela, et ceux qui l’on écrit ne l’ont sans doute jamais pensé …Outre que cela affaiblit le propos, c’est n’est pas juste. L’architecture est une expression de la culture, et c’est la création architecturale, la qualité des constructions (…) qui sont déclarées d’intérêt public ! Si notre profession existe sous la forme que nous connaissons depuis 77, c’est parce que l’état attend (exige) de nous que nous fassions acte de création pour le bénéfice de tous. C’est également si je ne m’abuse, le sens de votre article. Remettre la création architecturale au centre du processus de conception des logements. Chaque mot compte, et si cela peut renforcer le propos, autant les utiliser à bon escient. « En effet, la qualité d’ambiance d’un lieu n’est, elle, pas réglementée : cela reste le savoir-faire de l’architecte, ce qui explique pourquoi la création architecturale est « déclarée d’intérêt public ».
Emeric
18/11/2014
Merci de ce commentaire. J’aime la précision ! Je me suis permis de l’intégrer à l’article.
Andrzejewski
18/11/2014
Si je suis en accord avec le début de cet article, je le suis moins quand à sa conclusion: ajouter à la myriade de label un nouveau label, alors que je vois que je vois juste l’ossature d’un programme sur lequel les écoles devraient s’inspirer.
Vincent Gillot
18/11/2014
Il faut transmettre aux législateurs cette intelligence globale du processus de construction qui nous permet d’avoir un œil critique sur cet enfer de bonnes intentions. Chaque texte et norme de la construction devrait avoir un fenêtre de liberté, une clause dérogatoire qui donnerait un nouveau souffle à la pratique architecturale en donnant un sens concret à l’expertise de la profession.
Benjamin Colboc
18/11/2014
L’architecture du logement, étouffée par la réglementation, le normatif et la déresponsabilisation de ses différents acteurs, tout à fait d’accord et peu d’architectes le contrediront.
Quand à considérer qu’il n’y aura pas de « choc de simplification » mais de nouvelles complexités ajoutées aux tracasseries actuelles, il suffit de penser aux « simplifications » des formulaires de dépôt de permis de construire ou aux calculs de la Surface Hors Œuvre Nette remplacés par ceux de la Surface Plancher pondérés de 10% pour l’administration pour le croire. Pour autant, la quête d’une norme qualitative sur l’architecture, idée circulant dans les institutions représentant les architectes, est casse gueule car risque de s’établir sur des critères discutables du type : l’ingéniosité constructive, l’adaptation climatique, la fonctionnalité des espaces, la convivialité des espaces communs, la sensualité des ambiances …
Exemples :
– pas ou très peu d’ingéniosité constructive lorsque pas d’argent permet tout de même de faire des logements de grandes qualités en jouant sur du super standard
– l’adaptation climatique est un critère mal calibrée dans le cas des normes environnementales, et qui doit nécessairement être soumis au temps qui passe (pérennité des façades, confort thermique à vérifier à l’usage etc.)
– La fonctionnalité des espaces est carrément discutable. Pour certains, pleins de rangements dans des recoins font du confort d’usage, pour d’autres, une pièce de rangement centralisée. Pour certains, la séparation jour/nuit est le minimum, pour d’autre, un salon doublée d’une chambre offre la polyvalence nécessaire etc.
– La convivialité des espaces communs ne tient que si la contexte social de l’opération est favorable, et ne dépend donc pas directement et malheureusement de l’architecture.
– La sensualité des ambiances, qui relève trop des points précédents est par la même très discutable.
Nous pourrions alors nous dire qu’un collège de personnalités qualifiées pourrait faire l’affaire, du type « Équerre d’argent », mais les derniers prix me font gravement douter de la pertinence de l’idée.
Peut-être, et pour ne pas rester que négatif, faudrait-il évaluer la satisfaction, qu’elle soit des clients, des urbanistes et aménageurs, des entreprises, des usagers autour de la gestion du projet, de l’écoute et de la prise en compte des besoins, du plaisir ressenti des habitants etc. C’est finalement ce que proposent certaines normes en cours dans l’industrie. Peut-être est-ce, et je n’en suis pas sûr du tout, une bonne clef d’entrée.
A discuter…
Merci pour l’article quoiqu’il en soit.
un
18/11/2014
une belle provocation ce label de qualité architecturale, à proposer à tout élu, promoteur, ingénieur et contrôleur technique. Néanmoins le vrai salut est le dépassement pur et simple de la Paperasse et vite autrement nous serons bons seulement à faire de l’architecture homéopathique.
Adis
20/11/2014
Comme mes prédécesseur, je suis le raisonnement jusqu’au point 4… autrement dit, on est à peu près tous d’accord sur le constat.
A partir de là, on s’embourbe dans ce qu’il convient d’appeler le « marronnier » de la profession : la fameuse « qualité architecturale ».
Il me semble que cette abstraction qui est la « qualité architecturale » – notion imprécise par excellence, et étrangère à la quasi totalité de la population dès lors qu’on exclue les architectes eux mêmes – n’est pas loin d’être le noeud même du problème.
On a un peu l’impression que ce mirage empêche justement la profession de se concentrer sur l’essentiel, à savoir la reprise en main du domaine de la construction, mangé par l’arsenal normatif, et accaparé par un nombre important d’opérateurs, parmi lesquels l’architecte se retrouve gestionnaire de la part congrue : celle qui tient tout le reste ensemble, tant bien que mal.
Créer un nouveau label, a fortiori « attribué au bâtiment en tant que résultat matériel d’un débat démocratique », autrement dit bien après la bataille, relève d’une gentille attention (d’une polie attention même, d’une « urbanité »), en aucun cas d’une remise en cause, pourtant nécessaire, du contexte. Pire, cela revient à légitimer le contexte, et à valoriser ceux qui auront su s’en accommoder au mieux.
La profession ne ferait-elle pas mieux de formuler une critique construite du contexte, plutôt que de s’évertuer à se contorsionner dans un cadre ou elle se sent à l’étroit et qui produit, par transposition directe, un logement dans lequel l’occupant se sent à son tour à l’étroit?
« 1200€/m2 de coût de construction en moyenne pour un prix de vente de 2500€/m2, chambre : 9m2 et 12,4 m2 pour la chambre handicapée, T2 : 48m2, T3 : 65 m2, T4 : 82m2 »
N’est-il pas de notre devoir de critiquer la consigne, de remettre en cause la façon dont le problème est posé?
Et dans les faits, combien le font?
Combien essaient?
Et combien se plient sans rechigner?
Oui, le contexte est difficile pour tout le monde. Oui, il faut bien vivre… mais tant que la très grande majorité de la profession continuera de se contenter de répondre à la question, sans jamais interroger la façon dont la question est posée, on ne fera rien évoluer.
La « qualité architecturale », c’est facile : on ne sait pas ce que c’est, donc ça ne coûte pas cher, et ça ne fait de mal à personne. Gageons même qu’il se trouvera un maximum de gens prêts à aider la profession à mettre son macaron en place.
Concernant la générosité des espaces, le contrepoint est facile à trouver : il suffit de regarder bon nombre de logements construits dans les années 60. Certes, ce n’est pas acoustiquement / thermiquement / énergiquement optimal, mais on y respire, la lumière y entre, et on en sort (sur les balcons et terrasses). Les tares originelles peuvent même être corrigées. En somme, l’essentiel est là.
Et c’est cet essentiel là qu’on a laissé manger, et qu’on ne retrouve plus dans le logement actuel.
Emeric
10/12/2014
Propositions de simplification de Sylvia Pinel, on croise les doigts :
48 – Réformer le processus d’élaboration des normes pour en réguler le flux et mieux associer tous les professionnels concernés
Le processus actuel d’élaboration des normes ne permet pas de garantir la bonne association de toutes les parties prenantes concernées et aboutit parfois à des textes pour lesquels le rapport bénéfice / coût est discutable. En particulier, il convient que les professionnels de la construction puissent être mieux associés, à toutes les étapes de l’élaboration des normes, aux côtés des industriels présents.
Une réforme de la gouvernance est donc nécessaire et sera engagée.
49 – Mettre en place le conseil supérieur de la construction
Cette instance réunira les professionnels de la construction, représentés à haut niveau, et les pouvoirs publics. Elle sera saisie pour rendre un avis sur toute nouvelle réglementation impactant le bâtiment et s’attachera notamment à apprécier l’opportunité des mesures au regard de leur coût ainsi que leur cohérence avec les autres réglementations et normes en vigueur.
50 – Mettre en place un véritable service après vote des réglementations
Pour être efficaces et porter leurs effets, les réglementations doivent faire l’objet d’une même attention des pouvoirs publics après leur adoption que pour leur élaboration. Trois impératifs seront mis en œuvre :
– Pédagogie
Il est essentiel que les professionnels soient informés sur les réglementations qui ont été adoptées et puissent se préparer à leur entrée en vigueur.
– Ecoute des acteurs
Les remontées de cas concrets de la part des acteurs de terrain est précieuse et doit être encouragée. Ainsi, sera mis en place un espace Internet dédié à la remontée permanente d’informations sur les réglementations et les normes. Ce nouvel espace Internet est accessible depuis le site du Ministère du Logement et de l’Egalité des territoires. Il permettra très simplement aux professionnels de faire part de leurs difficultés ou de leurs propositions d’amélioration concernant la réglementation et les normes de la construction.
– Evaluation
Pour les mesures les plus stratégiques, un bilan doit pouvoir être fait dans les 3 à 5 ans suivant leur entrée en vigueur pour évaluer la façon dont elles ont été mises en œuvre et apporter le cas échéant les corrections utiles.
A titre d’exemple, c’est dans cet esprit que sera conduite dans les mois à venir la révision de la réglementation thermique, acoustique et aération DOM (RTAA DOM).
raphael menard
10/12/2014
Bravo pour cet très bel article !
Comme un autre commentateur, je suis moins convaincu par la conclusion et la création du fameux label. Je redoute l’effet tripavisor pour qualifier – voire hiérarchiser la qualité de production – : le résultat pour être in fine normatif sur la diversité des approches.
hugo
28/02/2015
Voilà une façon de penser qui me plaît bien ! Ça me fait penser à ce que dit Alessandro Baricco dans son livre « Les barbares » (qu’il faut lire pour qui ne veut pas passer à côté du monde). Le monde du vin a été bouleversé par de nombreuses petites révolutions parmi lesquelles l’utilisation d’un langage simplifié, « moderne » : la notation sur 100 (dans le fameux guide Parker).
Si on veut intéresser les gens à l’architecture, nulle doute qu’il faille trouver ce langage « moderne » : un label, une note sur 100, whatever, quelque chose. Qui va l’inventer, quel critique d’architecture osera le premier ? C’est ce qu’on va voir…
Florence Cap
23/11/2015
Merci pour ces pistes intéressantes, mais je reste au même titre que d’autres lecteurs, très dubitative sur la proposition d’une labellisation, qui plus est émanant du cercle des professionnels de l’architecture uniquement.
Par ailleurs, le critère mentionné du « style architectural » ne me semble pas recevable comme permettant un jugement de valeur…la périlleuse question du « style » est à mon avis une conséquence d’un processus et d’une sédimentation historique (et donc difficile à appréhender au présent, sans recul).
Qu’est-ce que signifie un style « contemporain »? un style « régional »? Et surtout en quoi est-ce lié à la qualité architecturale elle-même? etc…
Ne pourrait-on envisager cette « évaluation » qualitative (car il est certain que la piste est intéressante) venant des usagers eux-mêmes? Les critères que vous avancez tels que sensualité des ambiances, fonctionnalité sont par essence du ressort des personnes qui vivent l’architecture: habitant, personnel d’exploitation du bâti, passant, etc.
Nous pourrions aller plus loin et envisager non pas un dispositif d’évaluation comme un couperet qui tombe et soumet les architectes à un jugement par leurs confrères (dont l’objectivité, par ailleurs, ne peut pas toujours être assurée…par exemple peut-on juger un bâtiment de façon objective sans jamais y être rentré?), mais plutôt un dispositif de dialogue participatif.
Cela peut reposer essentiellement sur une démarche volontaire des usagers de répondre à une enquête, par exemple un ou deux ans après livraison. Car pourquoi ne pas faire confiance à cette « bonne volonté » alors que dans de nombreux cas, elle ne demande qu’à émerger.
Encore faut-il lui ménager un espace de dialogue lui aussi qualitatif : construire un échange intelligent, qui sache stimuler une parole constructive en posant les bonnes questions de façon ouverte mais guidée (car en effet cela ne sert à rien de demander si oui ou non l’habitant aime la couleur de la façade), ne pas partir de l’à-priori que « les gens » sont sources de conflit et ne comprennent rien à l’architecture, etc, etc.