
J’ai le seum. C’est officiel.
La place d’éternel second, ça craint.
Tous les projets rendus, tous les projets perdus.
T’as qu’à voir.
Une déchèterie trop clean, un immeuble de bureaux balèze, un entrepôt à bière au mètre, un écoquartier flambant vert, un piou-piou brutaliste. Une vraie liste d’enfants morts. Tragique.
Et puis il y a ceux qui naissent, mais y a qu’à voir comment : avec des tâches de naissance, des malformations, des handicaps de tous les côtés.
Sans parler des candidatures. Des dossiers envoyés à la pelle. Des kilotonnes de papier mis dans les enveloppes, mises dans les boites aux lettres et éparpillées aux quatre vents.
Ah. Tout cet investissement, tout ce stress, toute cette énergie, toutes ces heures.
C’est frustrant.
Et puis j’imagine un truc.
Là où c’est morbide c’est que c’est un cimetière de projets morts ou jamais-nés. On dit bien « enterrer un projet ».
Pour être logique, il faudrait les enterrer sous les projets choisis à leur place.
Mais là où ce serait beau c’est que ce serait les maquettes des concours parce que ce serait obligatoire de rendre une maquette pour chaque concours ça ferait partie des règles.
Ecoles, logements, bureaux, hôpitaux, salles de sports…Toutes les maquettes seraient enterrées sous le projet retenu.
Chaque chantier comme un caveau miniature.
Des vestiges qu’on retrouverait peut-être, une fois le bâtiment détruit ou démoli.
Ça ressemblerait à des gravures à la Etienne-Louis Boullée avec une grosse épaisseur de terre et des maquettes flottantes comme des petits objets blancs perdus.
Des fragments de projets qui auraient pu exister. Une archéologie à inventer.
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Images : Raymond Poulidor en pleine course de vélo ; Armée de soldats en terre cuite, musée de Xian (Chine) ; dessins d’Etienne-Louis Boullée ; gravures de Giovanni Battista Piranesi
Christophe
14/10/2013
A quand un gigot bitume d’enterrement de maquettes !
Olympe
14/10/2013
excellente idée ! j’approuve à fond