Junya Ishigami

Posted on 09/04/2018 par

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En ce moment se tient à la fondation Cartier l’exposition Freeing Architecture, présentant le travail de l’architecte Junya Ishigami.

Le travail de maquette réalisé pour l’exposition est phénoménal. Tout est beau, et parfaitement maîtrisé. On imagine aisément le potentiel d’épuisement nerveux des petites mains chargées de les réaliser et l’obsession perfectionniste qui doit animer le chef d’orchestre de cette exposition, mais l’effort ne transparait pas. A la manière d’un ballet classique tout n’est en apparence que légèreté, délicatesse, grâce.

L’expérience est réussie, dans cette exposition conçue par l’architecte lui-même. En concordance parfaite avec l’espace de la Fondation Cartier, le parcours de l’exposition nous fait progressivement entrer dans des projets de plus en plus complexes avec beaucoup de facilité et de poésie.

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Décrit par beaucoup comme un surdoué de l’architecture, Ishigami dénote dans le paysage de l’architecture contemporaine par tout ce qu’il ne revendique pas. A l’écouter parler on pourrait dire qu’il conçoit avec les yeux d’un enfant. L’idée la plus immédiate mais aussi la plus sincère est mise en œuvre parfois de façon spectaculaire, mais jamais pour choquer, pour revendiquer, pour s’opposer mais toujours pour relier, rassurer et apaiser.

Un bâtiment historique doit être préservé dans son intégrité patrimoniale mais aussi agrandi, habitons son sous-sol. Les personnes âgées perdent leurs repères dans l’architecture contemporaine, assemblons entre elles des maisons traditionnelles. Il faut aménager un nouveau parc, déplaçons des arbres.

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L’architecte semble se saisir des angoisses de ses commanditaires pour leur proposer un projet un peu fou qui les soignerait, une forme d’architecture empathique et sensible qui accompagne l’usager en essayant de ne jamais le choquer ou le faire fuir.

C’est déconcertant de naïveté, pourrait mille fois échouer au cours du projet mais non. C’est tenu, précis et à la fin c’est beau.

A la façon de ses projets, son exposition nous apaise et nous rassure. Cette poésie et cette délicatesse très nippones s’intègrent au sein de projets très dessinés et bien construits. Comme il parlerait d’animaux à des enfants ou de tradition à des personnes âgées il séduit les architectes en nous parlant de trame, de concept, de contexte.

Une fois rassurés par ces fondements nous pouvons sans crainte nous laisser envahir par la beauté de cette architecture de l’attention, humaine.

Et ça nous fait du bien.

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