
Ils se glissent partout. Dans leur coque en plastique blanc de mauvaise qualité, ils s’activent en permanence, créant un bruit de fond ondulant. Ils peuvent être une présence rassurante pour ceux qui les ont toujours entendus ou bien une source de tapage à bas régime pour ceux qui souhaiteraient le silence. Nous avons appris à vivre avec, nous avons même besoin d’eux, en permanence. Ils forment une faune électrique. Ils grésillent, cliquettent, bipent, clignotent, soufflent, aspirent, chauffent, éclairent,…
Ils créent un écosystème climatique, sonore et lumineux. Prenez une pièce dans laquelle vous venez d’allumer la lumière. Les ampoules à économie d’énergie repoussent doucement l’obscurité de l’espace comme le lever d’un soleil artificiel. Un petit bzzzz commence. Au passage, le compteur électrique s’est réveillé et enregistre le changement de régime du débit d’énergie. Vous mettez ensuite en marche un ordinateur. Il produit à son tour un petit sifflement. Ces bestioles électriques se mettent alors à chauffer. Associant leur chaleur à celle de votre corps, la température dans la pièce s’élève doucement, jusqu’à ce que le thermostat du radiateur claque, signifiant la coupure temporaire de ses résistances. L’hygrométrie de la pièce change peu à peu et la ventilation mécanique s’y adapte, l’intensité du léger sifflement d’air provenant des toilettes évolue. Un équilibre instable s’installe.
Reliés au système nerveux du bâtiment, les dispositifs électriques et électroniques s’insinuent dans toutes les parois : plafonds, murs et sols. Ils se glissent dans les charnières et les serrures. Ils facilitent ou entravent vos déplacements. Il faut vivre avec. Ils ont d’ailleurs été conçus et installés pour améliorer la vie. Il faut trouver des terrains d’entente avec aux pour vivre dans les bâtiments contemporains.
En terme de conception et de mise en oeuvre, il faut leur trouver une place. Car tous ces dispositions, créent des bugs architecturaux, aussi bien conceptuels, fonctionnels qu’esthétiques. Doivent-ils être bannis de nos bâtiments ? Peut-on se contenter de les bourrer dans des faux plafonds ? Doit-on les supporter comme des parasites nécessaires et établir une symbiose ? Peut-on les assigner dans des goulottes ou autres joints creux et feindre de les maîtriser ? Peuvent-ils devenir des ornements célébrant l’information comme divinité contemporaine ?
Posted on 21/01/2013 par Emeric
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