Koolhaas bashing

Posted on 23/06/2014 par

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Les premiers architectes à visiter la Biennale pensaient qu’ils seraient surpris et que l’exposition de Rem Koolhaas, intitulée Elements, serait géniale. Manque de chance, c’est arrivé ! Koolhaas surprend encore ! Résultat, l’incompréhension se transforme en déception et les architectes se donnent à cœur joie dans la critique.

Koolhaas s’est investi comme aucun autre commissaire en demandant 2 ans pour monter l’exposition. Alors, on le traite de Diva. Il a fait travailler les meilleures écoles, les meilleurs graphistes, les meilleurs théoriciens, les meilleurs architectes dans le même sens pour qu’on traite d’architecture et non d’architectes. On le traite de despote s’auto célébrant.

Il fait une exposition sur les basiques oubliés de la construction. On le traite de bricoleur. Il sort 15 livres sur l’histoire des éléments de l’architecture qui sont autant de coffres aux trésors remplis de documents pour permettre aux architectes de relier l’architecture et l’activité humaine à travers les âges. On le traite de mégalomane. Chacun des livres suit à la trace, comme un enquêteur frénétique, les évolutions d’un élément de l’architecture reconstituant une histoire technologique, culturelle et sociale. On traite ces ouvrages de Neufert revisité.

Koolhaas a fait un travail sobre et moins spectaculaire que d’habitude. On lui reproche d’être ennuyant. Il expose les composants de l’architecture du quotidien comme l’expérimente tout un chacun, car depuis toujours (cf New York Délire) c’est l’architecture vernaculaire contemporaine qu’il interroge. On compare son exposition à Batimat. Il fait une scénographie, simple, ludique, expérimentale et accessible à tous comme l’est un supermarché de bricolage. On le traite de populiste.

Certes l’exposition est un grand fourre-tout manquant de rigueur. Certes ses livres sont trop chers et trop lourds pour être achetés pour une autre raison que par fétichisme. Certes on parle au final plus de la star que de l’exposition. Mais est-il possible de séparer les idées de leur auteur ? L’exposition/livre « Elements » est surement plus ambitieuse qu’aboutie. Mais qui d’autre que Rem Koolhaas secoue et réactive en permanence le débat architectural ?

Le penseur Hollandais pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Quoi qu’il fasse, il énerve. Espérons que cette biennale de 6 mois trouvera son public car celui formé par la profession n’a, une nouvelle fois, pas pris le temps d’observer finement l’exposition ni de lire les ouvrages avant de s’adonner à la critique. Les architectes attendent qu’on leur fournisse des dogmes, des traités, des solutions, de l’orthodoxie. Quand on leur donne de la matière à penser par eux-mêmes, ils détestent cela…

Merci, M. Koolhaas de ne pas être un théoricien orthodoxe mais d’être un chercheur assoiffé et un expérimentateur a-moral. Merci, de fournir le matériel nécessaire à la controverse. Alors nous autres architectes, pouvons-nous placer au cœur du débat architectural la construction de l’habitat humain de manière pragmatique ? Ce débat sur l’évolution de l’architecture peut-il se faire avec un large public ? Rem Koolhaas tente une nouvelle fois de faire sortir l’architecture de son enfermement disciplinaire et une nouvelle fois ses confrères, pris de panique par l’imperfection et la laideur du monde, crient à la trahison.

 

"Liberty, Equality, fraternity could be replaced in architecture by Comfort, Security, Sustainability

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